Musée des Papillons

Véritable trésor du patrimoine saint-quentinois, le Musée est né en 1912 du legs d’un riche collectionneur né à Saint-Quentin en 1836, Jules PASSET, issu d’une famille de fermiers du Vermandois et d’industriels du textile. Celui-ci consacra sa vie et une grande partie de sa fortune à sa passion pour l’entomologie : des milliers d’insectes issus des 5 continents, en particulier papillons et coléoptères, étaient entreposés dans son appartement parisien, constituant ainsi l’une des plus belles collections privées d’Europe.
Typique de l’esprit « cabinet de curiosités » du XIXe siècle, son mobilier en chêne est issu pour partie des Établissements Deyrolle, fameux cabinet d’histoire naturelle parisien. Constitué initialement de 45 meubles à 10 ou 15 grands tiroirs vitrés ainsi que d’une armoire en placage d’acajou renfermant 40 coffrets, ce mobilier permettait une vision immédiate des insectes, protégés ainsi de la lumière et de la poussière. Complété de plusieurs centaines de coffrets en carton, cet ensemble est alors estimé à environ 600 000 spécimens.

Cabinets d’entomologie, collection Passet
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© Musée des papillons / Ville de Saint-Quentin
D’autres collections sont venues enrichir ce fonds : Verplancke (1942), De Larminat (1988), Dubourg (2003), et d’autres plus récents. Les collections du Musée des papillons constituent aujourd’hui un fonds d’environ 1800 boîtes pour une estimation de 130 000 spécimens.
D’autres disciplines naturalistes sont représentées, liées à l’activité d’une ancienne société savante de Saint-Quentin, la Société d’Histoire Naturelle ou Société Linnéenne de l’Aisne, disparue vers 1968. Le musée en conserve le fonds documentaire, un herbier Flore de l’Aisne et ses notes manuscrites (L-B Riomet 1860-1946), ainsi que les archives. On trouvera également en dépôt quelques coquillages, poissons et minéraux, provenant de l’ancien Musée de l’Enfant de la Ville.
Inauguré le 4 mai 1914 au Palais de Fervaques, le Musée des papillons a subi les vicissitudes des deux grands conflits mondiaux. Outre les insectes, le legs Passet comptait également une magnifique collection d’oiseaux exotiques ainsi qu’une collection de coquillages de toute beauté. Ces deux dernières ont malheureusement disparu depuis, ainsi que les 3 ou 4 000 chenilles soufflées qui accompagnaient les papillons.
À la première guerre, Fervaques est transformé en hôpital. Evacuées en mars 1917 à Maubeuge avec les pastels de Maurice-Quentin de La Tour par l’autorité allemande, les collections d’entomologie (tout ou partie ?) sont entreposées dans un collège mais non présentées au public. De retour en 1919, les insectes ne peuvent être replacés dans leurs locaux d’origine, touchés par le conflit ; le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris est alors sollicité pour les héberger temporairement. Les papillons en revinrent vers 1935 et reprirent le chemin du Palais de Fervaques.
La deuxième guerre mondiale fut une nouvelle fois l’occasion d’une succession de déménagements et de périodes de troubles causant des dégâts sur les collections. Celles-ci, constituées de matière organique séchée, sont en effet très appétentes pour les ravageurs et nécessitent une surveillance constante. Les papillons et insectes quittent Fervaques pour le Musée Antoine Lécuyer en 1942, puis sont installés vers 1947 au premier étage de la Bibliothèque municipale située rue des Canonniers.

Le musée d’entomologie à la Bibliothèque municipale (1947-1986)
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© Musée des papillons / Ville de Saint-Quentin
Lors de la rénovation de l’édifice en 1986, les collections réintègrent les combles de Fervaques, dans l’attente d’un nouveau lieu d’exposition. Réinstallé au premier étage de l’Espace Saint-Jacques, libéré par la Chambre de Commerce, le Musée d’Entomologie est inauguré le 4 mars 1989, et présente alors une exposition permanente d’environ 11 000 spécimens dans une scénographie faisant la part belle à l’exotique et au nombre.
La création d’un service éducatif en 1996 et le développement d’une politique culturelle active (expositions, conférences, visites et animations grand public) dynamisent la structure, tandis que l’étude des collections démarre dès 1998 afin de pallier au manque d’inventaire et de connaissance des spécimens.
Titulaire de l’appellation « Musée de France » depuis 2003, le musée développe l’étude, la conservation et la valorisation de ses collections, accompagné par les services de l’Etat. Afin de permettre une approche plus pédagogique du vaste univers des insectes, mais aussi de répondre aux attentes des publics face aux actuels enjeux environnementaux, la scénographie est totalement repensée et modernisée entre 2015 et 2018. Le Musée des papillons se positionne ainsi en véritable passeur et facilitateur de savoir. Son objectif est de fonner Donner au public des clés de compréhension, favoriser la découverte par l’observation et le jeu, permettre une expérience de visite sensible et active afin de mieux connaître, respecter et protéger la biodiversité.

Le musée rénové
Photo © Musée des papillons / Ville de Saint-Quentin

Étude de spécimens en réserve
Photo © Musée des papillons / Ville de Saint-Quentin