Musée des Beaux-Arts Antoine Lécuyer

Au cœur d’un édifice à l’architecture néoclassique, le musée des Beaux-Arts Antoine Lécuyer conserve aujourd’hui près de 5000 œuvres. Pensé comme un écrin pour accueillir le prestigieux fonds d’atelier de Maurice-Quentin de La Tour, dont il assure la conservation, le musée invite à un voyage esthétique à travers l’histoire de l’art européen : des objets antiques aux collections médiévales, des chefs-d’œuvre des artistes de la période moderne (XVIème, XVIIème, et XVIIIème siècles) aux grands représentants des courants artistiques des XIXème et XXème siècles.
Créé le 4 mai 1856, le musée municipal de la Ville de Saint-Quentin, alors situé dans l’ancienne abbaye de Fervaques, présente des collections de beaux-arts, peintures et sculptures appartenant à la Ville, ainsi que l’inestimable fonds d’atelier de l’illustre pastelliste saint-quentinois Maurice-Quentin de La Tour (issu du legs de 1806 à l’Ecole Royale gratuite de dessin fondée par l’artiste). Les frères Goncourt, en 1866, s’extasieront devant le réalisme saisissant de ces œuvres singulières dont les regards vous suivent. Ils seront suivis d’autres prestigieux visiteurs aux 19ème et 20ème siècles, tels Gauguin, Edgar Degas, Henri Matisse, Anatole France, ou encore Maurice Pillard-Verneuil. A ce noyau fondateur est adjoint, en 1881, une salle consacrée aux objets d’art, le musée Le Sérurier.
En 1877, le banquier Antoine Lécuyer (1793-1878) lègue son hôtel particulier à la Ville afin d’y exposer les œuvres du grand pastelliste, et les collections remarquables de celle-ci.
Le musée Antoine Lécuyer ouvre ses portes en 1886. Les pastels y voisinent avec la collection Le Sérurier. Si les œuvres de grand format restent à l’abbaye de Fervaques, plusieurs donations et legs (Delcroix, Leblanc, Mennechet de Barival, Alphonse de Rothschild…) rejoignent progressivement les collections municipales : bronzes, peintures miniatures, porcelaines extrême-orientales mais aussi objets d’art précieux.
La Première Guerre mondiale met un coup d’arrêt à ce début d’aventure patrimoniale. Sur ordre de l’occupant, une partie des collections est emballée et transportée à Maubeuge pour y être présentée dans un ancien commerce, Au pauvre Diable. Bombardé, incendié, le musée Lécuyer subit également le pillage qui prive ainsi l’institution de ses archives et d’une partie importante de ses collections.
L’Entre-deux-guerres voit s’ouvrir une période de reconstitution des collections du musée. Le collectionneur et grand mécène David David-Weill accompagne activement la reconstruction et l’aménagement de celui-ci, par l’intermédiaire de la Société des amis du musée de La Tour qu’il fonde et préside.
De 1928 à 1932, le chantier de reconstruction du musée est confié à Paul Bigot (1870-1942), ainsi qu’à Louis Guindez (1889-1978), architecte municipal. Dans un style néoclassique, le nouveau musée est inauguré le 3 juillet 1932. Il reçoit en 1933 deux monumentaux cartons de tapisserie d’Antoine Coypel en dépôt du musée du Louvre.
Deux années plus tard, la donation du fabricant de broderies Paul Petit fait entrer au musée un fabuleux portrait au pastel par Pierre-Auguste Renoir, unique œuvre de l’artiste à Saint-Quentin, mais aussi des œuvres de Daubigny, Guillaumin et Fantin-Latour.

Le musée Antoine Lécuyer aujourd’hui
© Photos Luc Couvée
La Ville de Saint-Quentin mène une politique volontariste d’acquisition en 1936-1937 : plus d’une centaine d’œuvres d’artistes dits « modernes » sont achetées pour un nouveau « musée d’art contemporain », installé au Palais de Fervaques. Lucien Simon, André Devambez, Henri Martin, Maurice Denis, Jean Dupas mais aussi Alfred Janniot intègrent ainsi les collections. La Seconde Guerre mondiale aura raison de cette institution éphémère et les œuvres récemment acquises rejoignent rapidement le musée Antoine Lécuyer, tandis que les pastels seront évacués une seconde fois, par chance sans dommages notables.
Le musée connaît une histoire moins mouvementée à partir des années d’après-guerre. En 1983, le journaliste Yves Carlier de Fontobbia fait don de l’ensemble de sa collection dominée par l’art du 18ème siècle, constituant une impressionnante galerie de portraits peints, gravés, dessinés ou sculptés.
2003 voit le transfert de propriété des pastels du fonds d’atelier de Maurice-Quentin de La Tour, de l’école de dessin fondée par l’artiste vers la Ville de Saint-Quentin. La même année, le musée reçoit l’appellation « Musée de France » par le ministère de la Culture, puis devient en 2020, au regard de la nature et de la typologie des œuvres conservées, le musée des Beaux-Arts Antoine Lécuyer.
Depuis ces 30 dernières années, l’enrichissement des collections se poursuit : de l’exceptionnelle préparation au portrait de Voltaire par La Tour, le dessin L’Enlèvement d’Europe du bordelais Jean Dupas, le Portrait du frère Fiacre par La Tour, La Petite Fille aux tortues de Laprade, et plus récemment la corbeille fleurie par l’un des peintres de fleurs français les plus en vue du 17ème siècle, Nicolas Baudesson, ainsi que deux vases Art Déco signés René Buthaud.
Depuis 2019 et la rénovation des 3 salons de pastels avec rotation des œuvres, le musée poursuit sa rénovation progressive des salles, proposant de nouveaux accrochages tout en favorisant la conservation : les salles de l’entre-deux guerres et Art déco, à celles défiées aux paysages ou encore le cabinet des œuvres, chacune vous permet un nouveau regard sur les richesses de ses collections.
