L’archéologie

Mosaïque gallo-romaine (Ier-IIème siècles) découverte en 1897, rue de l’Abbaye d’Isle, sur le site de l’ancienne chapelle de l’abbaye d’Isle
Coll. Société Académique de Saint-Quentin
<p>Mosaïque gallo-romaine (Ier-IIème siècles) découverte en 1897, rue de l’Abbaye d’Isle, sur le site de l’ancienne chapelle de l’abbaye d’Isle <em>Coll. Société Académique de Saint-Quentin</em></p>

Aux origines de l’archéologie

Les premières mentions de l’intérêt porté à l’archéologie à Saint-Quentin remontent au XVIIème siècle, lorsque les chanoines de la Collégiale tentaient de démontrer la localisation du siège épiscopal à Saint-Quentin avant son transfert à Noyon au VIème siècle. La ville antique d’Augusta Viromanduorum était rattachée soit à Saint-Quentin, soit à Vermand.

Les premières observations archéologiques connues sont celles de l’ingénieur Lenin, qui, lors de la construction en 1671 des cornes de Vauban, fortifications militaires sur l’actuel parvis de la gare, fait le relevé du puits de l’abbaye de Saint-Quentin-en-Isle, détruite en 1557. Celle-ci marquait selon la tradition le lieu d’inhumation du corps décapité du martyr Quintinus, à la fin du IIIème siècle de notre ère.

Les premières fouilles scientifiques

Mosaïque gallo-romaine (Ier-IIème siècles) découverte en 1897, rue de l’Abbaye d’Isle, sur le site de l’ancienne chapelle de l’abbaye d’Isle
Coll. Société Académique de Saint-Quentin

Mosaïque gallo-romaine (Ier-IIème siècles) découverte en 1897, rue de l’Abbaye d’Isle, sur le site de l’ancienne chapelle de l’abbaye d’Isle
© Coll. Société Académique de Saint-Quentin

À partir du Second Empire, au sein des sociétés savantes soutenues par Napoléon III, des membres érudits de la Société Académique de Saint-Quentin, Jules Pilloy et Théophile Eck, entreprennent dans les années 1870-1910 de nombreuses fouilles de sépultures antiques et mérovingiennes, au gré des découvertes faites par les entrepreneurs et bâtisseurs de la ville en pleine expansion. De son côté, l’architecte et érudit Pierre Bénard mène en 1865 des fouilles dans le chœur de la basilique, mettant au jour la fosse supposée de la tombe de Quintinus, datant la fin du IVème siècle, des sarcophages mérovingiens et une mosaïque des VIIème-VIIIème siècles. En 1866, à l’issue des fouilles, est aménagée une crypte archéologique. De nouvelles fouilles menées entre 2005 et 2010 ont permis de préciser les divers états et emprises du sanctuaire jusqu’à l’époque carolingienne.

Archéologie en danger

Hypocauste d’une habitation gallo-romaine mise au jour lors des fouille de la place de l’Hôtel de Ville en 1989-1990
DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l’Archéologie

Hypocauste d’une habitation gallo-romaine mise au jour lors des fouille de la place de l’Hôtel de Ville en 1989-1990
© DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l’Archéologie

Au cours de la Première Guerre mondiale, les collections archéologiques privées ou déposées au musée Antoine Lécuyer et à la Société Académique sont en grande partie pillées, détruites, dispersées. Les demandes de restitution déposées par la Société Académique auprès la Société des Nations n’y font rien. Des observations sont faites dans la Basilique en 1926 par l’architecte des Monuments historiques Emile Brunet, suivies d’une campagne de fouilles menée par Ernest Will en 1955. Tout au long des années 1920-1930, des observations nouvelles sont faites lors du déblaiement des ruines et la reconstruction de la cité. Mais l’urgence des travaux et l’avidité de certains découvreurs ne laissent guère de place à l’archéologie. Ces découvertes ne sont que succinctement évoquées dans un article de Charles Journel en 1935. Les nombreux aménagements urbains des années 1960-1970 ne seront pas plus favorables au travail archéologique.

À partir de 1990, l’archéologie préventive se développe grâce au travail de L'Association pour les fouilles archéologiques nationales (Afan). L’archéologie préventive a pour vocation de préserver et étudier les vestiges archéologiques menacés par des travaux d’aménagement, par le biais de diagnostics et de fouilles. Elle va démultiplier les apports scientifiques et enrichir sans commune mesure notre connaissance des périodes les plus anciennes. Plus d’une vingtaine d’opérations ont été menées jusqu’à nos jours.

La première opération préventive de grande ampleur à Saint-Quentin a lieu lors des travaux de transformation de la place de l’Hôtel de Ville en 1990. À cette occasion, les archéologues ont pu observer l’organisation de la ville d’Augusta Viromanduorum, fondée au commencement de notre ère sous l’Empereur Auguste. Des habitations gallo-romaines avec hypocauste, et leur voirie se révèlent. Depuis, d’autres fouilles ont permis de valider ou préciser le tracé des cardo et décumani, réseau de rues globalement perpendiculaires, sur une étendue de plus de 40 hectares. En revanche aucun monument public tel qu’un temple, un théâtre, ou des thermes, n’a pour l’heure été observé à Saint-Quentin.

Le projet des parcs autoroute

La crypte archéologique et la fosse supposée correspondre à la tombe de Quintinus, juin 2024
Ville de Saint-Quentin, F. Pillet

La crypte archéologique et la fosse supposée correspondre à la tombe de Quintinus, juin 2024
© Ville de Saint-Quentin, F. Pillet

De 1999 à 2012, les recherches menées sur le parc des Autoroutes à l’occasion de l’aménagement de la ZAC permettent des observations sur des occupations protohistoriques, mettant au jour notamment des espaces funéraires gaulois remontant au IVe siècle avant notre ère, mais aussi des occupations rurales qui se prolongent du Ier au IIIème siècle comme en attestent des vestiges de villae et de fermes gallo-romaines.

La refonte du quartier de la gare

Base de la corne ouest de l’ouvrage appelé Cornes de Vauban (1671-1674) mis au jour lors des fouilles du parvis de la gare, avril 2011
Ville de Saint-Quentin, F. Pillet

Base de la corne ouest de l’ouvrage appelé Cornes de Vauban (1671-1674) mis au jour lors des fouilles du parvis de la gare, avril 2011
© Ville de Saint-Quentin, F. Pillet

Les remparts de l’époque moderne, édifiés après le siège espagnol de 1557, observées en plusieurs points de la ville, ont été étudiées lors des fouilles du parvis de la gare en 2011-2013. Les archéologues y ont mis au jour l’ouvrage à cornes réalisé au début des années 1670 suivant les plans du célèbre ingénieur militaire Vauban, sur plus de 220 mètres.

Le nouveau parvis

Vue des fouilles du parvis de la basilique, avril 2023
Ville de Saint-Quentin, F. Pillet

Vue des fouilles du parvis de la basilique, avril 2023
© Ville de Saint-Quentin, F. Pillet

Les fouilles menées en 2022-2023 sur le parvis de la basilique ont permis d’observer pour la première fois le bourg médiéval qui s’est développé dès le VIIème siècle autour du lieu de culte abritant la tombe du martyr Quintinus. A la suite des invasions normandes de la fin du IXème siècle, le bourg est clos par une première enceinte délimitant un castrum de 5 hectares. Les découvertes ont été nombreuses : le palais des comtes du Vermandois entré dans le domaine royal en 1213 avant d’être cédé à la ville en 1292 qui le transforme en halle, le cloître, la salle du chapitre et les greniers, des maisons canoniales ainsi que des dalles funéraires de chanoines du XIVème siècle…