L’Art déco à Saint-Quentin

Occupée dès août 1914 par l’armée allemande et intégrée en 1916 à la ligne de défense Hindenburg, la ville de Saint-Quentin est, durant la Première Guerre mondiale, le théâtre de pillages, de combats et de bombardements. Libérée le 1er octobre 1918, elle n’est plus qu’un champ de décombres : 14 000 immeubles sont inhabitables, quantité de maisons sont jugées irréparables, la voirie est endommagée, les usines ont été saccagées par l’ennemi et de nombreux bâtiments de la ville sont ruinés ou détruits.

Après les bombardements de 1917
S’engage alors la période de la reconstruction de la ville, qui passe par un plan d’extension et d’embellissement dessiné par Paul Bigot, Grand Prix de Rome en 1900, et présenté officiellement en juillet 1919. Si bon nombre de maisons, d’immeubles et de monuments sont restaurés ou reconstitués à l’identique, de grands chantiers novateurs s’ouvrent dans le même temps. Alors que certains bâtiments sont restitués dans le goût éclectique, historicisant ou régionaliste, d’autres sont élevés dans le style en vogue : l’Art déco.
En 1925, l’exposition des Arts décoratifs et industriels modernes, à Paris, est le point d’orgue du mouvement esthétique que l’on nommera « Art déco ». Ce courant artistique, tout particulièrement architectural, trouve ses origines à la veille de la Grande Guerre (l’exposition était programmée initialement en 1915), mais la reconstruction des villes dévastées offre aux créateurs une formidable occasion d’appliquer des lignes épurées, motifs géométriques et un vocabulaire végétal.

Photo de l’exposition internationale des arts décoratifs
L’Art déco se veut une rupture avec le « désordre de l’Art nouveau » et un retour à la tradition classique, mêlé d’influences aussi diverses que le cubisme, l’Antiquité, les arts de l’Afrique et de l’Extrême-Orient.
À Saint-Quentin, les architectes travaillent pour la reconstruction des demeures de clients aisés, de commerces et d’édifices publics.
Parmi les premiers chantiers à voir le jour, dessinés par Paul Bigot en 1919, le pont de la Gare et ses monumentaux pylônes Art déco donnent le ton de la Reconstruction saint-quentinoise. Symbole de la renaissance des institutions, la salle du Conseil municipal de l’Hôtel de Ville (1924) reprend ses fonctions La gare et son buffet, œuvres du binôme Urban Cassan – Gustave Umbdenstock, suivent dès 1925.
Le Conservatoire (Cabinet Charavel et Melendès, 1929) dresse ses trois pignons comme un écho de ceux de l’Hôtel de Ville ; ses exceptionnels bow-window sont les plus remarquables de Saint-Quentin.

Salle du Conseil municipal
© SAP - FP

Casino
© Luc Couvée

Buffet de la Gare
© Luc Couvée

Gare
© Luc Couvée